Bon, on va essayer d'analyser à peu près proprement cette liste.
Déjà les absents : Benzema, je trouve ça logique. Malgré son talent, son année a été catastrophique, et il doit être super casse-pieds dans un groupe. Vieira, c'est triste. Un très gros palmarès, une vraie aura, je l'aurais pris mais en tant que remplaçant. Néanmoins on peut comprendre Raymond. Pedretti, je trouve ça dommage, surtout parce qu'il offre une option de jeu long inexistante en équipe de France. Nasri présentant le même profil que M'Vila, je ne comprends pas trop. Soit c'est un problème humain (c'est possible), soit il paye son irrégularité sur la saison. Méxès, avec un sélectionneur décent, aurait sa place dans n'importe quelle sélection du monde, carrément. Mais bon... Ruffier, Frey, Douchez, Janot, qui on veut, aucun souci, les quatre gardiens pris sont de très bons choix. Le choix de ne prendre ni Aly Cissokho ni dans une moindre mesure Boumsong, alors qu'ils viennent de montrer leurs capacités défensives dans les gros matches ces derniers temps avec Lyon, me laisse sur le derrière. Escudé n'a quand même jamais convaincu en sélection.
Ensuite les indiscutables : Toulalan, Gourcuff, Ribéry, Malouda, Evra, les quatre gardiens, personne ne trouvera trop à redire. Leurs performances en club et en sélection toute l'année prouvent qu'ils ont leur place, sans contestation je pense. Sagna, Réveillère, Fanni et Clichy ne sont pas des joueurs du top niveau mondial, mais ils connaissent le groupe, ils n'ont jamais vraiment déçu en équipe de France, et il n'y a pas vraiment mieux à leur poste. Lassana Diarra a connu une saison en dent de scie, mais il a toujours été brillant en sélection. Abidal peut jouer à deux postes, et malgré ses légendaires erreurs de concentration il est depuis 2006 un pilier de l'équipe.
Les compréhensibles : Henry est le capitaine, il est le seul à avoir un vrai palmarès dans ce groupe, ne pas le prendre malgré sa saison serait revenu à se priver d'une énorme expérience. Squillaci est un défenseur solide, sérieux, capable de s'adapter à plusieurs schémas. Gallas est le plus vieux défenseur, il n'est pas impassable mais il a toujours fait le job en compétition en équipe de France.
Les bonnes surprises : Cissé et Gignac sont des joueurs motivés, toujours impliqués en équipe de France, et ils seront en grosse forme physique. Planus et Rami sont des joueurs solides et sérieux, les meilleurs à leur poste en ligue 1. Le Girondin apportera son calme et le Lillois son jeu de tête.
Les sacré Raymond, quel déconneur : M'Vila. Je le croise dans la rue, je ne le reconnais pas, personnellement. J'ai le souvenir d'un assez bon joueur, tonique, mais à part ça... Pro depuis un an, aucune sélection, aucun titre, joueur de l'équipe classée 9e de Ligue 1... Trois Rennais, rien que ça. Aucun Auxerrois, un Lillois, un Marseillais : dis, Raymond, tu lis pas L'Equipe ou quoi ?
Les pourquoi pas : Briand a fait de très jolis gestes ces derniers temps, il est polyvalent et en plein devenir. Il manque encore de coffre, mais il peut être un joker intéressant. Ben Arfa a de l'or dans les pieds, et il a semble-t-il réussi à se calmer un peu ces derniers temps. Il peut aussi lui débloquer une rencontre sur une action individuelle, mais s'intégrera-t-il au groupe ? Govou n'a pas fait une saison flamboyante, mais il a toujours été sérieux en équipe de France, remplissant le vide d'un couloir droit déserté par les vedettes. Diaby a pour lui sa polyvalence et sa qualité équilibrée dans tous les domaines, technique, physique, tactique. Il peut rendre service en tant que remplaçant.
Les Raymond, arrête de lire les astres : Valbuena. Joueur inconstant, sans grosse expérience, doté d'une belle énergie mais d'un apport collectif contestable, je ne vois pas du tout ce qu'il peut apporter à un groupe qui comporte déjà Ribéry ou Gourcuff.
Les purée, Raymond, prends des cours de tactique avec Jeannot Fernandez : Alou Diarra n'apporte rien à l'équipe de France, il a même largement coulé son jeu en finale en 2006. Il y a mieux à son poste. Anelka joue en équipe de France avec autant d'entrain que moi qui suis occupé à remplir ma déclaration d'impôts, il est infoutu de suivre un schéma tactique et n'a pas été décisif depuis le match de Wembley en 1999. Ca suffit.
mardi 11 mai 2010
jeudi 15 avril 2010
Peggy Sue s'est mariée (not a long ago-o-o)
En fait, j'ai toujours été vieux, hein. Quand tout le monde de mon âge découvrait, subjugué, le hip-hop de Vanilla Ice et Benny B, j'en étais à Bob Marley. Quand ensuite ce fut le tour d'Ace Of Base d'envahir les cervelles adolescentes, je connaissais la date de sortie de chaque single des Beatles. Quand les pupilles et les cadets se devaient d'idolâtrer Axl Rose et Ice MC, j'écoutais Buddy Holly. Entre le total cliché nerd et la dépression naissante, donc.
J'ai très tôt connu les pionniers du rock'n'roll. Je devais avoir 11 ou 12 ans, à vrai dire. Je les ai bien évidemment découverts grâce aux Beatles. Je savais pertinemment que leurs "Rock'n'Roll Music" ou "Words Of Love" n'étaient pas d'eux, il suffisait de lire les notes de pochette. C'est ainsi que j'ai commencé par une compilation de Chuck Berry, d'origine incertaine, comme tout ce qui concerne ce grand homme. Ensuite, au Prisunic du coin, je trouvai une collection à prix ridicule d'éditions italiennes au bord de la légalité, et je m'en goinfrai. Ainsi, successivement, je m'offris des anthologies de Cochran, Little Richard, Jerry Lee, Gégène, Fats Domino, même du Bill Haley (m'enfiler 40 titres de Bill Haley à la suite rendit mes parents très inquiets devant la pauvreté musicale du bonhomme).
Si le génie de Chuck Berry surclassait allègrement celui de tout le monde, et si j'apprenais par coeur "No Particular Place To Go" ou "Havana Moon" tous les jours, très vite mon héros devint Buddy Holly, mon idéal musical en fait pour être plus précis.
Déjà, Buddy ressemblait à tout sauf un rockeur. Ces lunettes, ce sourire niais, cette dégaine de grand échalas texan en costume de premier communiant, tout ça peut sembler ridicule quand on connaît déjà la furia de Jerry Lee, l'hystérie de Little Richard, ou la dégaine de survivant de Gene Vincent. Mais voilà, j'étais petit, rond, boutonneux, j'avais de grosses lunettes, j'étais premier de la classe. L'identification fut rapide. Sur une pochette de semi-pirate italien, Buddy apparaissait sans lunettes (c'était un dessin inspiré d'une vraie photo d'époque). Eh bien moi, ces lunettes, je les ai redessinées au crayon de papier. Buddy Holly, c'était tout simplement l'équivalent de l'époque des héros de Supergrave, Michael Cera ou McLovin'.
Musicalement, avec le recul, après s'être enfilé Big Star, Love, les Zombies ou le Wu-Tang, c'est finalement encore plus terrassant. Réécouter "Well Allright", "Baby I Don't Care", "Oh Boy", "It's So Easy" frappe de suite : ça n'a pas vieilli. La pureté de l'instrumentation est la même que celle des Buzzcocks, carrément, et le niveau mélodique est celui de Ray Davies. Découvrir "It Doesn't Matter Anymore", "Everyday", "Heartbeat" ou "Raining In My Heart" enthousiasmera les amateurs d'arrangements grandioses, de Phil Spector à Richard Hawley (blink blink). Buddy, comme tous les grands rockers (sauf Berry), possède deux facettes : chez lui, le rocker sautillant et frais côtoie le crooner fragile et malingre.
On peut évidemment vanter l'influence immense du premier geek du rock'n'roll, du son de sa Stratocaster fiesta red à ses harmonies entendues du côté de la Mersey, mais c'est finalement autre chose qui nous occupe ici : Buddy Holly est le premier rocker intime, le seul chez les pionniers. Non, Buddy ne hurle pas, il ne se roule pas par terre, il ne jongle pas avec les mots comme Chuck, il ne part pas en féroce ruade électronique comme Cochran, non, il se contente de raconter les pires bluettes de la terre avec la conviction inébranlable de ce qu'il aura toujours été puisque mort à 21 ans : un adolescent.
Et au milieu de ce foisonnement de mélodies, d'idées d'enchaînements d'accords révolutionnaires pour l'époque (le 1-4-5 du blues est très loin), de ces breaks tonitruants et fluides, de ces mélodies de chant s'étendant sur largement plus d'un octave (c'est très dur à chanter), il y a évidemment la chanson.
Si on devait élire les plus tristes chansons de la terre, celles qui nous foutent immanquablement par terre, il y aurait "Peggy Sue Got Married". On pourrait considérer comme particulièrement déchirant (et ça l'est) que ça soit la première chanson posthume du titan binoclard, mais on ne le savait pas à l'époque. Non, tout simplement, comme "Teenage Kicks", comme "Thirteen" de Big Star, c'est une chanson dont les paroles navrantes de simplicité parviennent à mesurer l'abyssale détresse adolescente.
"Peggy Sue est mariée depuis peu", cette phrase débile est une tragédie à elle toute seule. "C'est la fille qu'on retrouve dans presque toutes les chansons, bien sûr tout cette histoire pourrait être fausse". Tous les garçons ont eu leur Peggy Sue, qu'on retrouve dans presque toutes les chansons. La première fille qu'on a aimée, ou la deuxième, ou la troisième, enfin cette fille qui nous a hantés pendant des siècles, et qui n'a jamais voulu de nous. Cette fille pour laquelle on était prêt à se couvrir de ridicule, celle qui n'était avec personne, mais celà ne nous empêchait pas d'être jaloux des autres idiots amoureux d'elle.
Et puis, rapidement, comme on était déjà un peu vieux dans sa tête, on s'imaginait "plus tard", et on comprenait que ce "plus tard", elle ne le passerait pas avec nous. On se demandait qui serait l'heureux élu, qui serait celui avec lequel Peggy Sue se marierait. Pourtant on avait 14 ans, ou 12. Mais on ne pouvait pas s'empêcher de se mordre la lèvre en la voyant "plus tard", avec un crétin.
Peggy Sue est mariée depuis peu.
Et en fait, on s'en fout un peu, parce qu'elle a l'air d'être devenue une sacrée connasse.
J'ai très tôt connu les pionniers du rock'n'roll. Je devais avoir 11 ou 12 ans, à vrai dire. Je les ai bien évidemment découverts grâce aux Beatles. Je savais pertinemment que leurs "Rock'n'Roll Music" ou "Words Of Love" n'étaient pas d'eux, il suffisait de lire les notes de pochette. C'est ainsi que j'ai commencé par une compilation de Chuck Berry, d'origine incertaine, comme tout ce qui concerne ce grand homme. Ensuite, au Prisunic du coin, je trouvai une collection à prix ridicule d'éditions italiennes au bord de la légalité, et je m'en goinfrai. Ainsi, successivement, je m'offris des anthologies de Cochran, Little Richard, Jerry Lee, Gégène, Fats Domino, même du Bill Haley (m'enfiler 40 titres de Bill Haley à la suite rendit mes parents très inquiets devant la pauvreté musicale du bonhomme).
Si le génie de Chuck Berry surclassait allègrement celui de tout le monde, et si j'apprenais par coeur "No Particular Place To Go" ou "Havana Moon" tous les jours, très vite mon héros devint Buddy Holly, mon idéal musical en fait pour être plus précis.
Déjà, Buddy ressemblait à tout sauf un rockeur. Ces lunettes, ce sourire niais, cette dégaine de grand échalas texan en costume de premier communiant, tout ça peut sembler ridicule quand on connaît déjà la furia de Jerry Lee, l'hystérie de Little Richard, ou la dégaine de survivant de Gene Vincent. Mais voilà, j'étais petit, rond, boutonneux, j'avais de grosses lunettes, j'étais premier de la classe. L'identification fut rapide. Sur une pochette de semi-pirate italien, Buddy apparaissait sans lunettes (c'était un dessin inspiré d'une vraie photo d'époque). Eh bien moi, ces lunettes, je les ai redessinées au crayon de papier. Buddy Holly, c'était tout simplement l'équivalent de l'époque des héros de Supergrave, Michael Cera ou McLovin'.
Musicalement, avec le recul, après s'être enfilé Big Star, Love, les Zombies ou le Wu-Tang, c'est finalement encore plus terrassant. Réécouter "Well Allright", "Baby I Don't Care", "Oh Boy", "It's So Easy" frappe de suite : ça n'a pas vieilli. La pureté de l'instrumentation est la même que celle des Buzzcocks, carrément, et le niveau mélodique est celui de Ray Davies. Découvrir "It Doesn't Matter Anymore", "Everyday", "Heartbeat" ou "Raining In My Heart" enthousiasmera les amateurs d'arrangements grandioses, de Phil Spector à Richard Hawley (blink blink). Buddy, comme tous les grands rockers (sauf Berry), possède deux facettes : chez lui, le rocker sautillant et frais côtoie le crooner fragile et malingre.
On peut évidemment vanter l'influence immense du premier geek du rock'n'roll, du son de sa Stratocaster fiesta red à ses harmonies entendues du côté de la Mersey, mais c'est finalement autre chose qui nous occupe ici : Buddy Holly est le premier rocker intime, le seul chez les pionniers. Non, Buddy ne hurle pas, il ne se roule pas par terre, il ne jongle pas avec les mots comme Chuck, il ne part pas en féroce ruade électronique comme Cochran, non, il se contente de raconter les pires bluettes de la terre avec la conviction inébranlable de ce qu'il aura toujours été puisque mort à 21 ans : un adolescent.
Et au milieu de ce foisonnement de mélodies, d'idées d'enchaînements d'accords révolutionnaires pour l'époque (le 1-4-5 du blues est très loin), de ces breaks tonitruants et fluides, de ces mélodies de chant s'étendant sur largement plus d'un octave (c'est très dur à chanter), il y a évidemment la chanson.
Si on devait élire les plus tristes chansons de la terre, celles qui nous foutent immanquablement par terre, il y aurait "Peggy Sue Got Married". On pourrait considérer comme particulièrement déchirant (et ça l'est) que ça soit la première chanson posthume du titan binoclard, mais on ne le savait pas à l'époque. Non, tout simplement, comme "Teenage Kicks", comme "Thirteen" de Big Star, c'est une chanson dont les paroles navrantes de simplicité parviennent à mesurer l'abyssale détresse adolescente.
"Peggy Sue est mariée depuis peu", cette phrase débile est une tragédie à elle toute seule. "C'est la fille qu'on retrouve dans presque toutes les chansons, bien sûr tout cette histoire pourrait être fausse". Tous les garçons ont eu leur Peggy Sue, qu'on retrouve dans presque toutes les chansons. La première fille qu'on a aimée, ou la deuxième, ou la troisième, enfin cette fille qui nous a hantés pendant des siècles, et qui n'a jamais voulu de nous. Cette fille pour laquelle on était prêt à se couvrir de ridicule, celle qui n'était avec personne, mais celà ne nous empêchait pas d'être jaloux des autres idiots amoureux d'elle.
Et puis, rapidement, comme on était déjà un peu vieux dans sa tête, on s'imaginait "plus tard", et on comprenait que ce "plus tard", elle ne le passerait pas avec nous. On se demandait qui serait l'heureux élu, qui serait celui avec lequel Peggy Sue se marierait. Pourtant on avait 14 ans, ou 12. Mais on ne pouvait pas s'empêcher de se mordre la lèvre en la voyant "plus tard", avec un crétin.
Peggy Sue est mariée depuis peu.
Et en fait, on s'en fout un peu, parce qu'elle a l'air d'être devenue une sacrée connasse.
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